lundi 13 juin 2016

Confidence




qui m'attends
là-bas
sur le trottoir
d'en face

je crie attends moi
mais l'image s'efface
dans une vibration
tremblante

ou bien elle reste immobile
comme une statue
elle ne bouge absolument pas

et c'est pire que la fuite
jamais je n'arriverai
à bouger ce bloc de pierre

le silence s'entend
jusque de l'autre coté
du monde

tu entends 
ce grondement
c'est le mot coincé 
dans la gorge
qui ne sort pas
pourquoi

si on te vole ton temps
bats toi bats-toi
sors de cet engluement

j'entends le chant de moondog
je vois des étoiles
je sors de mon corps


jeudi 26 mai 2016

Contre

Contre

moi                            contre
lui                              contre
l'arbre                        contre
vents et marées          contre
champ                        contre
les évidences

                                  contre




Sur le point de


franchir la ligne                              sur le point  de

passer outre                                  sur le point

d'oublier l'essentiel                        sur le point de                                                              
tomber dans un gouffre                  sur le point  de

ne pas voir la terre sous ses pas      sur le point

d'envol du héron                            sur le point

du juste équilibre de la phrase         sur le point

du i posé trop vite trop mal             sur le point de 

passer le pont                                 sur le point  de

fracasser son image dans le miroir
                                                        
                                                 
                                        sur le point de

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D'après une consigne de Philippe Aigrin proposé par Laura sur les prépositions

Voir  ICI

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lundi 23 mai 2016

Une photo qui vous touche





Dire pourquoi un photo nous touche, c'est de trop. Les mots à trouver existent-t-il alors qu'il s'agit de sensations et d'émotions. On aurait pour une fois envie de faire silence malgré la consigne et laisser parler l'image d'elle même. Ne voyez vous pas la vie, l'élévation, le lien, la joie, la grâce, les mouvements en écriture calligraphié. L'authenticité du trait le mouvements délié qui invite à la danse, une danse toute en légèreté et en reliance. Les lettres calligraphiées ont cette même résonance de vibration et d'élan. La lettre chemin de vie, la lettre ouverture à l'espace, aux gestes justes.

dessin et peinture de Ben


dimanche 22 mai 2016

Une consigne

Marcher à reculons! Consigne étrange! Alors que je pensais sauter ce jour sans idée aucune, une émission écoutée cette nuit sur FC m'a induit celle-là! C'était une interview de Wim Wenders sur les ailes du désir. J'ai réalisé que ce film avait bientôt  trente ans. Ça m'a fait un choc! Ce qu'il disait était passionnant, je ne pourrai tout redire ici, excepté cette phrase, marcher à reculons. Bizarrement ça m'arrive dans mes ballades avec l’explication que ça défatigue! Cette phrase symbolique du passé rejoignant mes marches du jour! Avancer vers l'avenir en regardant le passé, ça m'a parlé! Pas vous?


jeudi 19 mai 2016

Tache

Quand on regarde effaré, ce qu'on est, ce qu'on aurait pu être, ce qu'on a été, dans ce magma de contingence, social, génétique, familial, religieux, hasardeux, avec aussi ses propres forces, son propre génome, il est bien difficile de voir le sens, le but. Nous n'étions pas au départ une page vierge sans taches. Aujourd'hui le tracé de ce qu'on a tenté de graver sur le livre de vie s'efface dans un halo blafard. Seule l'écriture pourrait restituer l'histoire en se distançant suffisamment pour ne pas sombrer dans cette crevasse béante du pourquoi, l'épingler, la disséquer avec suffisamment de justesse de courage, d'un regard implacable, sans aucune concession.

mercredi 18 mai 2016

Tache

Comment décrire ce sentiment d'abîme indescriptible que l'on ressent en repensant à la vie traversée et qui me remonte à la gorge en lisant «Mémoire de fille d' Annie Ernaux», un sentiment d'abîme et de perte où l'on n'a pas sombré ? Par un concours de circonstances, une suite de hasards  inconcevables, on serait resté au bord, à moins que ne ce soit par la force du poignet, de par une énergie et une volonté ignorée même de soi, ou bien de par ces germes semés par nos géniteurs, ceux la même qui voulant nous protéger nous y précipitaient sans le vouloir, on se serait alors construit contre eux, provoquant ces forces contraires qui nous auraient tenus debout ?



lundi 16 mai 2016

Enfant

au creux des mères lové
inscrivant en germe
un futur dérobé

enfant porteur
d'avenir de souvenirs

enfant silence
où se dit peu à peu
la parole et les mots

visage vierge
paupières cachant
le mystère

de l'origine

O vois le tout petit
qui dort sur son cœur

mère veillant jusqu'à la mort
portant dans ses mains vieilles
l'amour palpitant intacte

On appends à être passage
sur la route on ne savait rien

on se déleste de ce qui était nous
ça continue à tordre les entrailles

empreinte de feu
blessure solaire
embrasant la peur

l'enfantement nous fait renaître à nouveau