samedi 26 mars 2016

J'éviterai de dire (Jours d'avant)

J'éviterai de dire, toutes les actions éclairs ramassées en vrac dans une journée. Un bric à brac d'actes automatiques que l'on fait sans penser, une robotique bien huilée. Des repas au travail, des transports aux courses, des loisirs, des réunions... Parfois on s'arrête sur le bord de la route, égaré, on regarde le temps défiler. Il s'étire un peu. Il n'est plus morcelé. On se dit qui suis-je et où vais-je ? Il semble que l'on peut ressentir dans ces brefs instants d'arrêt sur image, la continuité d'une ligne directrice. Est-ce qu'on la suit, ou est-ce elle qui nous met en mouvement? Le mystère est entier. Ça change tout le temps. 

* Trois jours en un

vendredi 25 mars 2016

Un air en tête



Parfois on se trouve au milieu d'un groupe, plus enfermé encore que dans la meilleure prison du monde. Il n'y a aucun moyen d'en sortir. Les murs sont hauts et épais. On est au bord d'un abîme, personne ne le voit. On glisse entre les gens comme une ombre, tellement absent qu'on disparaît vraiment aux yeux des autres, c'est terrifiant. Comme cette absence est souffrance. On voudrait crier mais on est un personnage de papier sans voix, le cri ne sort pas. Silhouette fantomatique d'un cauchemar dont on ne peut s'éveiller. C'est cet air là qui est posé sur nous tel un masque de cire, le mal de vivre.


mercredi 23 mars 2016

Toucher

Toucher du doigt la blessure originelle. Oublier la séparation. Rester relié aux étoiles. Ce sera facile d'avancer dans le sable jaune du désert, sous une lune d'argent. Il y aura nos pas derrière nous pour aider ceux qui suivront. Près du puits nous partagerons l'eau limpide et rafraîchissante. Nous irons à la rencontre de l'ombre souterraine, celle qui la nuit avance et nous ravit nos souvenirs. Un temps pour le silence, un temps pour le chant, un chant accordé aux cristaux de sable glissant sous la dune, le vent dessinera des arabesques que nous suivrons en dansant.

mardi 22 mars 2016

Ce qu'il en restera dans un an

Écrire la banalité du quotidien au jour le jour, les petites choses éphémères rencontrées au hasard, les personnes, les regards, les paysages effleurés et ce qu'il en restera dans un an , rien. Quelques mots qui tentent de garder une mémoire fragile. Une archéologie des jours ensevelis peu à peu dans le court du temps. Exercice dérisoire mais qui redonne à ces petits instants de rien une couleur. La beauté de la vie qui passe, un trait de lumière imperceptible, si peu de chose en somme . Tenter de retrouver dans l'écriture la fluidité du temps qui s'écoule comme l'eau.


dimanche 20 mars 2016

Au pied du lit



Au pied du lit j'écoute le clair de lune de Debussy. J'imagine tes rêves rejoignant les miens. Je ne sais si tu dors ou te laisse bercer par la musique. Je ne sais qui est dans le lit. C'est l'enfant ou le grand vieillard, l'enfant que l'on endort par les arpèges du piano, le vieillard que l'on rassure à l'approche de la nuit. Au pied du lit se relie le début et la fin de la vie en un beau cercle parfait, une orbe paisible, un juste équilibre, La musique trait d'union entre le début et la fin, une douce harmonie.

samedi 19 mars 2016

En toc

Les dentelles et les broderies de nos mères n'étaient pas en toc. En se penchant sur les festons, arabesques, lettres on voit tout le travail du fil passé, repassé, laissant espaces et jours. On imagine mères et grands mères courbées sur leur tissu à s'en user les yeux, devant la boite à ouvrage remplie de fils de couleurs. C'est émouvant. Je n'ai pas repris ni l'aiguille ni le crochet, trop impressionné par la précision du geste par la patience aussi. Je m'use les yeux sur les livres et construis des formes fantaisistes avec mon imaginaire, allant chercher dans les histoires et les poèmes la légèreté de la dentelle, l'agencement des mots en broderie fine.


vendredi 18 mars 2016

Un moment où j'ai regardé l'heure

Lorsque j'ai regardé l'heure à la tour de l'horloge, il était midi et je devais encore faire le tour des magasins des rues piétonne de La Rochelle à la recherche d'un petit bateau en bois. Les rues étaient pleine de monde malgré l'heure tardive et le soleil brillait sur l'eau du porc. Entre les deux tours celle des quatre Sergents et la Tour Saint Nicolas une échappée de bleu vers le grand large. Ça faisait toujours rêver mon père et il s'échinait à peindre cette lumière dans ses tableaux, je me contentais de contempler dans un total moment de dilettantisme.

jeudi 17 mars 2016

Fallait pas que

Il ne fallait pas qu'on parle trop, ne rien dire de ce qui était vrai. Si on prononçait les mots interdits, les regards se fermaient. On faisait semblant, on avançait masquer, on se conformait à une parodie de vie. La vraie , la sienne bien cachée enterrée au fond de soi, sous des couches de peur. Parfois à l'aube je m'éveillais avant tout le monde, je me levais en hâte, je sortais sur la route, je marchais, je sentais la lumière sur ma peau. Ces moment étaient miens. Je les vivais dans une transe animal où j'absorbais la réalité vraie.


mercredi 16 mars 2016

La beauté de l'image

Jusqu'où mène la solitude, est-ce dans la tourmente, dans l'oubli de tout, comme dans ces hauts plateaux de Lozère, enneigé et venteux. Un effroi surgit de la beauté de l'image. Ces deux sentiments nous saisissent, le sublime et l'angoisse. La perte de tout, de son identité même, une beauté implacable, froide qui glace le cœur. Est-ce possible un tel tourment, un si rude hivers. Certains s'y sont perdus à jamais. On les retrouve ces visages hagards au regard perdu, ces hommes sauvages et fous que le monde a rejeté, à l'asile de Saint Alban. Ils ressemblent à ces paysages tourmentés.

Photo extraite du film les tourmentes de Pierre Yves Vandewerd

mardi 15 mars 2016

Petite satisfaction personnelle

Aujourd'hui juste le soleil et l'instant bleu du matin, qu'on peut prolonger autant que l'on veut. C'est plus qu'une satisfaction c'est un grand luxe. Combien je donnerai pour que beaucoup de personnes puissent vivre ces moment simples riches de contemplation de beauté de silence. Je n'ai rien fait pour les obtenir, ni fortune, ni privilège,. C'est à portée de main, si on veut bien se baisser pour les cueillir, quand on se suffit de peu. Pierre Rabhi appelle ça la sobriété heureuse. C'est la lumière, la terre qui donne sa généreuse semence, les fleurs qui nous comblent de leur présence, de leur couleur, les oiseaux qui enchantent et on murmure je suis en vie encore un jour!


lundi 14 mars 2016

Moment de solitude

Moment de solitude si important pour se construire. Un maître que j'ai connu parlait de la solitude essentielle, celle choisit pour se trouver, se connaître, au delà du regard d'autrui, lorsque face à soi même on se révèle sans masques et sans faux semblant. La solitude peut peser lorsqu'elle est angoissante pesante enfermante mais j'aime les moments de solitude dans la nature, avec un livre, ou à écouter de la musique. Est-on jamais seul quand les choses bruissent autour de nous, le silence permet de méditer sur la vie, sur le sens ou le non sens de ses actes. Silence et solitude sont liés en une fine trame où se tisse la pensée lentement.


dimanche 13 mars 2016

Il a dit

Il a dit reposons nous près de cet arbre, à son ombre, peut-être trouverons nous notre chemin après ce temps de repos ? Il a dit nous sommes perdus mais nos cœurs ne sont pas morts. Il parlait doucement et le vent emportait ses paroles sur la terre sèche. Il nous faut marcher encore vers le nord, vers l'étoile polaire, le vent nous portera quand la fatigue sera trop forte. Il ne faut plus fuir les fantômes de la peur, nous ne savons rien de demain, prenons le doute comme compagnon, allons jusqu'au prochain oasis nous abreuver du chant de l'eau, du rire des étoiles, de la couleur de l'espoir, trouver des mots en soi pour ne pas perdre la raison. Écrivez dans le sable avec vos doigts pour ne pas mourir.


samedi 12 mars 2016

Facile facile

Facile, facile de mettre un pieds devant l'autre et d'avancer mais quand le corps se coince, se bloque cette évidence est fracassée. Facile, facile de respirer mais parfois quelque chose ou quelqu'un vous coupe le souffle, la fumée de la ville ou un virus et cela devient un enfer de retrouver un peu d'air entre deux quinte de toux. Facile, facile d'être heureux mais parfois une angoisse, une souffrance vous cloue sur le lit de la peur. Facile, facile quand on est né dans un pays en paix de regarder le ciel et de s’enivrer de bleu, de lumière, de regarder le ciel limpide, sans bombes.


vendredi 11 mars 2016

Blanc


Si blancs les draps étendus dans les prés sous le soleil de l'été. Si blanche la jupe plissée du dimanche. Si blanc le nuage que l'on suit des yeux. Blanche l'aube qui se lève et la rosée dans le jardin. Si blancs les champs de narcisses au printemps et les fleurs du cerisier. Blanche l'écume des vagues qui s'envole en brume de sel. Si blanche l'aigrette huppée sur le marais, une fine patte repliée l'autre posée avec délicatesse. Blanc le sable de la dune éclairé par la lune. Blanches les notes de musique qui marquent le rythme à deux temps et blanche la neige effaçant le paysage, le relief, les couleurs.


jeudi 10 mars 2016

Aujourd'hui un sentiment de déjà vécu

Lors de ballades en forêt avec mes petits enfants à chercher des morceaux de bois pour faire un arc et des flèches, sous les pins à construire des cabanes ou lors de lecture à voix haute de vieux Sylvain et Sylvette, en faisant toutes les voix, j'ai un sentiment de déjà vécu. C'est alors l'enfance qui refait surface non pas celle vécue avec mes enfants mais la mienne. Je redeviens cet enfant vive joyeuse que j'étais. C'est déjà vécu mais encore à revivre, un réservoir d'émotions prêtes à se déverser telle une rivière en crue, dans certains lieux, dans certains cas, à certains moments. Alors pas de fantômes ni de moments fantomatiques mais le sentiment que ceux qui nous ont quitté nous habitent et revivent dans nos mots nos gestes nos sourires, une sensation de joie vive intact.



Debout

Aujourd'hui debout dans le jour qui passe froid et incertain, dans la fatigue du jour, dans la lecture de poèmes avec des mots qui passent loin sur les prés enneigés. Aujourd'hui à tenir rien, les mains vides sous le ciel blanc. Pourtant debout sous ce ciel à chercher l'air pour respirer pour avancer. Peu envie de dire peu envie d'écrire. Lassitude sans cause. Ennui sans raison. Mais faire quelques pas sur le pas de la porte. Une hésitation entre l'instant de joie ou celui de tristesse. Peu de choses à retenir du jour. Mais debout et courbé sur l'orbe terrestre.


mardi 8 mars 2016

Féminité

Féminité, le féminin, être femme, c'est quoi, c'est toi c'est moi, c'est un combat. Faut-il parler se taire. La journée des femmes cela fait si institutionnel, difficile d'en parler en peu de mots, mais se taire je ne peux pas, pour celles qui encore aujourd'hui sont soumises ou sous emprise, humiliées et reléguées dans le rôle de servante. Pour celles qui encore aujourd'hui se battent pour retrouver leur dignité, leur liberté. Aujourd'hui encore des femmes sont enlevées et violées, certaines servent d'esclaves sexuelles. La féminité c'est le poids de nos mères, leur peurs et leurs combats, puis nos peurs et nos combats, ce qu'on a pu transmettre à nos filles. C'est un long chemin, qui ne finit pas. 


lundi 7 mars 2016

Aujourd'hui leçon à apprendre par coeur

Que faudrait-il apprendre par cœur aujourd'hui, à l'école je n'arrivais pas à retenir les leçons ni d'histoire ni de géographie, quelques poésies peut-être, et surtout beaucoup de chansons parce que je les chantais souvent. Certaines  sont imprimées dans ma mémoire. Il me revient ceci :« Je ne sais ce qui me possède et me pousse à dire à voix haute, ni pour la pitié ni pour l'aide, ce qui m'habite et qui m'obsède, l'homme crie où son fer le ronge et sa plaie engendre un soleil plus beau que les anciens mensonges...» de Aragon par Jean Ferrat, je réapprendrai bien ceci par cœur mais je le sais déjà par le cœur.

dimanche 6 mars 2016

Il faudrait réparer


Il faudrait réparer la trouée de ténèbres, ce trou noir qui avale le jour, qui avale l'espoir, avec un fil de "soi", un fil d'or, un fil de cheveux d'ange, mais c'est une béance qu'on ne peut combler, ni recoudre raccommoder, ravauder non plus. On ne peux lutter contre ça. C'est le mal de vivre, le mal d'aimer, ou le mal aimé, le spleen, le blues , le saudade, le maloya, le désespoir mec! Alors tiens la barre quand même et souque ferme lorsque vient le gros temps et le grain du malheur mec! Il n'y a que ça à faire! et puis chanter! danser!

samedi 5 mars 2016

Aujourd'hui pensée parasite.

Comme une pensée parasite qui s'insinue en silence, qui vient lézarder nos certitudes. Une pensée bizarre qui nous renvoie dans l'ombre. Ces pensées négatives "Tu n'es pas capable, tu es coupable" qui vont si bien ensemble, qui s'infiltrent comme un poison et nous entraînent au bord de l'abîme en déséquilibre. Il suffit de si peu pour s'abîmer et on s'abîme! dans un gouffre sans fin ou certains ont crié ce cri "Des profondeurs je crie vers Toi" Et qui serait ce "Toi" sinon cet autre soi même, ce reflet impalpable à qui l'on parle, à qui l'on écrit, avec qui on serait enfin réconcilier.

vendredi 4 mars 2016

Oreilles

L'oreille est un coquillage, une spirale. Dans la complexité de l'organe il y a l'écoute qui n'est pas l'audition. On entend les bruits, les sons, les paroles. L'écoute est plutôt un chemin , un attente , une compréhension, un aller retour entre le son et son interprétation. Parfois une musique m'envahit, un chant d'oiseau me parle. Les mots d'un poème sont une présence de vie et cela dépend de la façon dont ils sont dits, clamés, chantés. Il faut des silences autour, le son ainsi s'enroule dans l'oreille et puis se déroule en plusieurs harmonies, une résonance avec les objets, l'air, les murs. Le silence a une épaisseur, une vibration. Je ferme les yeux, je l'écoute.



jeudi 3 mars 2016

¨Fragment d'aujourd'hui raconté en statistique.




10% de rêverie et réflexions ou sorte de macération d'idées sans queues ni têtes.
10% d'action avec la confection d'un pouding réutilisant le pain rassis avec raisins et pommes.
10% de social par une sortie en ville avec la rencontre dans le tram d'un grand noir qui rapait très fort avec un enthousiasme plutôt communicatif dans une langue étrange qui m'a fait penser à Antonin Artaud.
10% de lecture du livre: «L'homme qui parlait à la nuit» de Mira Jacob
10% d'interrogation devant la campagne d'affichage « Archéologie du présent»
Si l'on fait le compte cela donne 50% je suis donc loin du compte mais j'ai toujours été en dehors des statistiques et puis il y a le temps de la nuit...


mercredi 2 mars 2016

Aujourd'hui difficile de

Difficile d'écrire tous les jours un morceau de soi, un morceau de jour. On paraît si pauvre, si futile. Pourtant dans cette aventure des cents mots par jours de Quenaud, j'ai vu comment les mots résistent, séduisent, m'envahissent ou se dressent devant moi comme un mur, m'enveloppent de silence, m'embrasent de colère ou d'indignation, m'entraînent malgré moi vers des terres ignorées ou obscures. Chaque mot est porteur d'infini. Je suis à la recherche de ce halo, à la jonction entre cet écho et mon histoire. Ce que je fais de lui ce qu'il fait de moi est un combat, une danse. Au final il n'y a pas de gagnant ni de perdant.



mardi 1 mars 2016

Aujourd'hui un compliment

«Compliment: Paroles de félicitation, obligeantes ou affectueuses.» Cette définition du dictionnaire me laisse plutôt insatisfaite et vraiment immotivée pour écrire un compliment. Cela me gêne aux entournures, un malaise s'insinue en moi. Je soupçonne le compliment de n'être pas tout à fait , ni spontané ni naturel et donc suspecter d'artifices. Il risque de friser même la flatterie intéressée! Je pourrai dire que je suis touchée par certaines choses qui m’intéressent, d'autres me font chavirer me ravissent me passionnent, parce que c'est beau, que cela correspond à mes idées à ma pensée à mon histoire ou bien car cela me provoque et me fait avancer dans mon cheminement. De cela j'ai toute une liste mais je n'en parlerai pas car ce n'est pas le sujet!