Le
piano, je l'entends encore, c'est le piano de mes rêves, celui que
j'aurai voulu jouer à l'age de dix ans et que j'ai abandonné dans
une impuissance qui me désespérait. Coordination de mains qui ne se
faisait pas. Cerveau gauche et cerveau droit qui s'embrouillaient
pour lire la clef de sol et la clef de fa. Souvenir de mon père
jouant sur ce piano apprenant la méthode rose puis ma sœur
reprenant le flambeau avec dextérité. Et le piano s'envole à
Nantes et le temps passe. Un jour un autre piano, noir cette fois, réapparaît et c'est Suzanne qui joue. Je lui apprends à lire la clef de sol, les rudiments du solfège, on chante ensemble les notes, elle aime jouer
Schubert, des ragtimes, Yann Tiersen, elle invente des musiques, des
petite valses, son piano la suit dans ses déménagements. Un jour ce
n'est plus possible et le piano reste en Lozère. C'est mon piano
sous la mer. C'est une grande peine au fond de l'océan.
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