Je
venais d'apprendre la mort d'une personne chère et ce soir c'était
la fin de l'année. Le brouillard tombait sur les collines
enveloppant tout d'une immobilité et d'un linceul opaque. Les
images des souvenirs heureux passés avec toi et combien ils étaient
nombreux! défilaient devant mes yeux. Ton sourire, ta foi, ta
passion qui nous emmenaient toujours un peu plus loin vers la source
intérieure même si désormais tu demeures immobile à présent figée dans la mort, je n'oublierai pas cette source, elle vivra aussi
longtemps que je pourrai la faire vivre. Cette mémoire vivante qui
agit comme un ferment.
jeudi 31 décembre 2015
mercredi 30 décembre 2015
Une phrase que j'ai dite
Le
temps ne passe pas aujourd'hui! À cette phrase que j'avais dite on
m'avait répondu: est ce que tu t'ennuies? et j'ai répondu non mais
parfois le temps s'éternise ou se dilate ne le sentez vous pas?
Chacun a un ressenti du temps différent. On dit le temps est relatif
mais c'est réellement ça. Cela vient du corps du cerveau, c'est une
sensation neuronale, parfois tout s'accélère d'autre fois tout se
ralenti. Le temps n'est mesurable que pour le système social et
économique. Sous terre le temps est différent il n'y a ni jour ni
nuit.
mardi 29 décembre 2015
On ne me l'a fait pas
On
passe sa vie à croire des histoires inventées. Le père Noël Dieu
les saints apôtres tout le Saintfrusquin. On passe sa vie à essayer
de retrouver une réalité un sens au monde, à la terre qui tourne
de travers. On ne me l'a fait pas crie une voix dans sa tête mais
c'est c'est trop tard, on l'a tordue la vérité, déformée à un
tel point qu'elle s'est barrée, carapatée j'vous dis. On n'est pas
près d'la rattraper. Dites moi donc ce qu'il y a d'vrai la d'dans,
méli mélo de Tweetfacebook blogsphère. Arguments contrearguments.
Rhétoriques de pacotille. Allez donc tous au diable!
lundi 28 décembre 2015
bras
Les
bras m'en tombent, ce seraient reposant, ça serait enfin. Mais les
bras sont faits pour être levé, pour porter, pour écrire, pour le
balancement de la marche avec les jambes et les pieds, un deux, en
alternatif. Les bras pour le rythme du chef d'orchestre, pour montrer
l'étoile filante. Un bras sur l'épaule pour accompagner, pour
étreindre ou embrasser, pour la danse en coupe. Baisser les bras,
désespérer ou pas. Devant les déterminismes qui nous font
retrouver une lucidité décapante jusqu'à l'os, du bras, si on
veut, nous pouvons consentir à ce qui, advient telle serait notre
seule liberté.
dimanche 27 décembre 2015
Un idéal de traverse
Un idéal de traverse, on n'a jamais le temps pour le temps juste, pour ce qui est important. On prend du retard ça s'accumule sous des couches de bruits et d'oubli, des couches de faux semblant. Parfois un souvenir de traboule me traverse j'en perds la boule, un idéal en diagonal un éclair dans la cohue la foule bigarrée. Retrouver le fil, rattraper les wagons d'un train fougueux qu'on ne peut plus lâcher qui nous entraîne qui nous déchire les entrailles nous déchire les mains ou le visage. Sur le bitume, sur la vitre qui glisse, reprendre sa peau.
samedi 26 décembre 2015
Votre horoscope
Aujourd'hui
vous auriez dû lire votre horoscope qui vous aurait prévenu. La
vie sera un étrange origami déplier à l'infini. Quelque
chose de triangulaire vous brisera le cœur.vous
direz silence au début du jour quand la lumière se découvre et
Les souvenirs seront une violence douce. A
minuit le feu brillera de tout son éclat vous croirez rêver mais ce
sera vrai. Un
peu à l'écart, électron libre agité par le vent et les hasards
vous êtes! Que
faire d'autre que contempler la vie et laisser tomber les murs. Ne
faites rien surtout. Ouvrez les mains respirez. Oui!
vendredi 25 décembre 2015
Ce qui brille... Le feu de Noël
C'était
la plus longue nuit , celle du solstice d'hivers, deux jours avant
Noël. La nuit de Noël fut aussi la plus brillante, une nuit de
pleine lune. Nous avions décidé de rajouter encore un peu de
lumière en allant faire un feu dans la clairière de la forêt.Nous
marchions dans une nuit douce, nos ombres étaient claires. A minuit
le feu brilla d'une telle intensité qu'on eut dit que l'esprit de
Noël voulait s'en échapper. Nos yeux brillaient d'une joie
enfantine. Joie simple d'être là devant un feu de bois la nuit de
noël sous le ciel étoilé.
jeudi 24 décembre 2015
Quelque chose de triangulaire
Quelque
chose de triangulaire, non deux triangles inversés et voilà
l'étoile! De Noël ou l'étoile tout court. Deux triangles inversés,
un plongeant profondément dans la terre, dans notre terre dans les
forces tellurique qui sont en train de s'épuiser. Un autre la pointe
levée vers le ciel tentant de rejoindre un infini qui se dérobe!
Les sages de toutes religions diraient qu'importe la finalité seul
compte la quête. Se croire riche d'un savoir mène surement au
pouvoir, voir à la toute puissance destructrice. Ne rien savoir, ne
rien posséder, ne rien comprendre. Ouvrir les mains et respirer
encore encore encore!
mercredi 23 décembre 2015
Une petite violence
Une
petite violence, l'ouverture d'Egmont de Beethoven, écoutée seule
chez moi, dans cette avant veille de Noël. Violence car c'est
Beethoven, petite car c'est vraiment supportable. Les souvenirs aussi
sont une violence douce. Ce disque des ouvertures de Coriolan et
d'Egmont si souvent écouté, ma découverte au collège avec mon
prof de musique. Dix élèves dans une classe, la musique expliquée
par une femme passionnée. Le soir, je rentrais chez moi il faisait
nuit, j'avais de la musique plein la tête, qu'importait le reste. Je
viens d'écouter ce concert par Kurt Masur à Leipzig en 2009, pour
l'anniversaire de 1989.*
*1989:manifestation pacifique. 70 000 personnes descendent dans la rue à l'appel de la démocratie et de la liberté. Kurt Masur défile et donne un concert dans l'église de Leipzig http://www.arte.tv/guide/fr/040279-000/kurt-masur-dirige-beethoven-brahms-et-bach
mardi 22 décembre 2015
Du provisoire qui dure
Du
provisoire qui dure
une collection de mots qui en se disant créent un
futur
Je
dis écume et ramasse la brume
des
mots en gouttelettes translucides
Je
dis plume pour épouser la légèreté
m'envoler
dans l'air ondoyant et infini
Je
dis enfance à protéger comme un trésor
celui
qu'on est toujours enseveli sous le sable
Je
dis silence au début du jour
quand
la lumière se découvre
Je
dis sourire complicité douceur
communion
à la vie tendresse
des
visages se reconnaissent sans mots
dans
les yeux la lumière s'intensifie
Je garde en moi ton sourire
à jamais et jamais brisé
lundi 21 décembre 2015
Il parait que...nous croyons à la loi des petits pas...
Il
parait que c'est Noël bientôt, mais vraiment le cœur n'y est pas.
La fête de l'amour, de la lumière, d'une naissance qu'on célèbre
sans conviction depuis longtemps. Fête du commerce, de l'argent, de
l'artifice, du superflu, très acceptée. Cette année je pars en
forêt, faire un feu de bois où brûler ma pauvre joie, émoussée
au gré de l'actualité, et d'un monde en perdition. Terrorisme
climat front-national, serait-ce les trois mots à partager pour Noël
cette année! Je recherche alors dans alternatiba un peu d'espoir un
peu de clarté. Un autre monde possible, une indignation positive qui
serait mobilisatrice!
dimanche 20 décembre 2015
Collection de regards
Il y a les yeux noirs, mémoire d'une nuit cosmique. Les yeux profonds , les yeux rieurs. Ceux qui font peur. Ceux qui attirent. Le regard intérieur qui semble aller si loin dans les profondeurs de la pensée ou du rêve. L'intensité d'un regard habité de passion. Ceux éteints par la souffrance, le désespoir. Les yeux sont les fenêtres de l'âme, insidieux, inquisiteurs ils peuvent aussi violer l'âme d'un autre. J'aime tes yeux pétillants de gaieté. Je ne supporte pas le souvenir de tes yeux à jamais fermés que la vie a déserté, regard fragile barrière séparant l'être des étant.
samedi 19 décembre 2015
Le sens de l'adaptation
Pas du tout le sens de l'adaptation, plutôt l'inverse une inadaptation chronique à pas mal de choses, aux conventions, aux normes sociales, à la communication, à l'ordre, à l'organisation, aux hiérarchies, aux classements, à la sélection. J'ai surnagé. J'ai mené ma barque plutôt en solitaire. Un peu à l'écart, électron libre agité par le vent et les hasards. Souvent tremblante d'angoisse, les mâchoires serrées pour ne pas montrer ma peur, je me recouvre d'une armure bien trop dure. Je suis à la recherche d'une protection en matière bulle, élastique, qui jouerait avec la juste distance entre moi et les autres.
vendredi 18 décembre 2015
Ce que j'ai laissé tomber
Que
faire d'autre que contempler la vie et laisser tomber les murs. Les
déchirures, les plis
dans le tissu font partis de notre âme, ils sont notre peau, celle
qu'on nous a arrachée et qu'on s'obstine à recoudre avec des mots.
Notre moi à la naissance est comme un poing serré qu'il nous faut
déplier défroisser. Les yeux grands ouverts l'enfant regarde le
monde sans le comprendre avec un étonnement et une joie qu'il
nous faut retrouver. Cette joie de faire partie de la totalité de
l'univers, de son mouvement, de son harmonie ce que l'on nome la
conscience océanique.
jeudi 17 décembre 2015
Un pli
La
vie est un étrange origami que l'on déplie à l'infini. Dans chacun
de ses plis que l'on ouvre ou que l'on ferme, on voit les traces du
pli qu'on déchiffre comme un poème géométrique dont le sens est
caché. C'est aussi ce qui fait sa beauté final. Si on essaie de
mettre le pliage à plat il perd son mystère sa beauté son unicité.
La vie se cache dans les recoins sombres obscurs où germera un jour
de la beauté, si la patience accompagne la foi de l'orant devant son
pliage ou son bouquet, à ordonner en véritable ikebana.
Photo 1 Détail du Chapiteau de la crypte de Cruas en Ardèche (l'orant)
Photo 2 Sculpture de Marie Hélène Vallade-Huet (l'orant)
Photo 2 Sculpture de Marie Hélène Vallade-Huet (l'orant)
mercredi 16 décembre 2015
Tissu
J'avance
plus vite que la masse. Lucidité prétention, qui tranchera? Pas le
temps. Je vois ce qu'on nous a fait croire. Le savoir qu'on nous a
dérobé, les fausses vérités, le détournement du sens. J'avance,
je ne peux faire autrement. J'essaie de combler des lacunes. Je suis
dans un train sans stations. Qui m'a mise sur ces rails? Dans le
paysage qui défile, un horizon se dérobe. Je tente de reconquérir
un territoire intérieur, une vision de vie plus réelle. Je me
détache du tissu social pour mieux le cerner. Je m'enferme dans une ziggourat pour toucher l'arc en ciel.
mardi 15 décembre 2015
Il faudrait crier
Crier.
Souvent, pour tant de raisons, en sachant que crier ne set à rien.
Il me revient à l'esprit le cri de Edvard Munch. Cri silencieux où la
question jamais résolue se pose. Pourquoi cet homme crie-t-il?
L'horreur semble absolue à voir son visage se déformer sous l'effet
du cri. La peur l'angoisse comme rejetées de son être, mais en tant
qu'image peinte ce cri ne sort pas. C'en est d'autant plus saisissant comme effet, comme question, cela met le regardeur dans un
état proche du malaise et de l'angoisse. Peut-être est-ce le cri
lui même que l'auteur a voulu peindre.
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
lundi 14 décembre 2015
Gens sans importance
Pourquoi
les gens qui s'aiment sont-ils toujours un peu les mêmes*?. Ça ne
coulent pas de source les gens, c'est nombreux et variés. Ça construit
des tours. Ça s'isole, ça rit ça pleurent les gens, c'est sans
importance mais si précieux. Cachés au cœur de l'arc en ciel dans
la lumière irisée diffractée. Recherchant la beauté dans les
déserts, au fond des océans, l'infini dans la voie lactée, essayant
de comprendre son origine dans les dessins rupestres des grottes
néolithiques. Parfois les gens ça se croit important quand ça veut
prendre le pouvoir mais là, ça devient vraiment pas intéressant !
*William Sheller
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
dimanche 13 décembre 2015
Irréel
Au royaume de l'espoir il n'y a pas d'hiver. Je
viens de voir cette femme qui va faire une fois par mois de
l'acupuncture en Syrie en Irak pour les communautés massacrées par
daesh, notamment les yézidis, soulager la douleur physique et
morale. Devant tant d'horreur voir fleurir l'espoir parait irréel et
pourtant c'est vrai,ce sont des héros ordinaires habités d'une
passion, portant dans leur histoire cette souffrance des peuples
exterminés. Cette personne est d'origine arménienne, son grand-père
a été victime du génocide arménien. Aujourd'hui ce sont les
yézidis qui sont victimes de génocides. Plusieurs charniers ont été
découverts.
Elise Bogossian a écrit un livre: Au royaume de l'espoir
il n'y a pas d'hiver
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
samedi 12 décembre 2015
Contes de fées
Les
fées de mon enfance sont bienveillantes. Même la méchante sorcière
de la belle au bois dormant, avec sa piqûre maléfique plongeant tout
le monde dans un sommeil profond, ne me parait pas si méchante que
ça. Ce sommeil me semble si troublant, si nécessaire. Un repos avant
le réveil des sens, avant la rencontre de la vie et ses torrents
d'énergie, et de boue parfois, avec l'amour si ambivalent si
ravageur. Blanche neige aussi dort longtemps dans son cercueil de
verre avant que l'amour ne la réveille vraiment, et Adam le bel
endormi rêvant si fort de Ève-Femme...
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
vendredi 11 décembre 2015
Reproches
Et
que pourrais-je te reprocher, ma ville! Sinon d'avoir perdu ton âme,
tes quartiers, ta gouaille, tes façades noires, tes crassiers, ton
parler patois, ton accent traînant, ton marché couvert, tes
traboules, tes rues animées, tes artisans. Après tout tu es comme
beaucoup de ville, la vague économique est passée sur toi te
laissant exsangue, abandonnée. A quoi bon gémir sur ce passé,
sauf que la mélancolie me remonte aux lèvres quand je marche dans
tes rues désertes, quand je te vois comme un fantôme pâle. À quoi
bon sinon pour dire que ce passé est présent dans ma mémoire.
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
jeudi 10 décembre 2015
De l'eau
Ça ruisselle dans les ruelles, une pluie d'été qui sent le chaume et le foin. Ce sont les canots de Venise leurs reflets séducteurs et charmeurs qui vous font plonger en des mondes inconnus. C'est l'océan sans fin qui berce ta barque pour un éternel retour. Que ce soit l'eau des rivières qui abreuve les songes du promeneur, ou l'eau des lacs paisibles qu'on longe en rêvant et méditant devant des nénuphars propices à la contemplation, celle des torrents aux flots tumultueux, sans oublier le verre d'eau qu'on boit au coin d'une table d'ami qui désaltère plus que le corps.
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
mercredi 9 décembre 2015
En MAJUSCULE un projet minuscule
J'écris OUVERTURE en capital, ouverture d'esprit de cœur. Mettre à bas les à priori les clichés les jugements les intolérances. Que ça ferait du bien un monde sans barrières, un monde sans frontières. Je sais c'est utopique mais déjà dans son pré carré, dans sa tour dans sa tête, on pourrait un peu élargir sa vision, élargir ses bases, laisser entrer un peu d'air. S'envoler sur un mouvement de musique molto largo. En finir avec le racisme la peur de l'autre. J'ai fait un rêve dit Martin Luther, aujourd'hui je pense que le cauchemar continue. Un projet minuscule! Désolé!
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
mardi 8 décembre 2015
Foule
Je
n'aime pas la foule, elle m'oppresse me panique. J'y vois une pieuvre
qui m'enserre et m'étouffe. Je perd mon espace mon centre mon
identité. Cela s'appelle agoraphobie. Pourtant le mot agora est si
beau. Il m'évoque les places d'Athènes où se retrouvaient les
philosophes en toge blanche. Platon, Épicure, Démocrite échangeant
dialoguant sophistiquant. J'y vois le ciel bleu de Grèce, les
temples , l'espace, la mer. Rien qui ne ressemble aux foules de nos
jours , sombres, pressées, suffocantes. Agora est un beau mot j'y
entends élever l'esprit. La foule est écrasante terrorisante et
pour cela je la fuis.
lundi 7 décembre 2015
Phrase que l'on m'a dite
L'ai
je entendu cette phrase ou l'ai je inventé, je ne sais plus. Il me
semble que c'était à une exposition de peinture de Hopper. Ça
disait: «la seconde échappée commence avec l'écriture du premier
texte, la lettre». Dans les tableaux ce qu'on voit invite à voir
plus. Un temps existerait hors temps, hors texte, mais disponible.
Des milliers de secondes vers l'ensuite. Reconnaître dans un tableau
une vie passagère, entrer dans cette vie. Lorsqu'on quitte le
tableau des yeux, la bulle éclate. Les personnages du tableau ont
une vie propre avec un avant un après, je peux le voir.
Secret
C'est
un sac de mot caché dans le jardin. On peut la nuit sans bruit aller
cueillir un mot ou deux quand on ne dort pas. C'est un secret un
tendre secret. On puise au hasard dans le sac on a dans sa main un
mot, quelques lettres qui s'envolent qui frissonnent, un léger
souffle qui nous soulève les cheveux, nous murmure un air dans le
vide et le noir de la nuit. Je mets la main dans le sac je dis écume
et ramasse la brume des mots en gouttelettes de brume. C'est un
secret qui aide à vivre.
samedi 5 décembre 2015
Masques et attitudes
La
recherche de soi est longue, l'authenticité est rare, jeux de cache
cache. Derrière les apparences calmes et tranquilles se masquent des
volcans, des marécages, des torrents fougueux. Les attitudes polies
dissimulent des désirs, des gestes fous de danses et d'arabesques, de
torsions, de courbes, de feux follets. L'enfant s'échappe de la
surveillance, court sur le sentier fleuri après les papillons.
Tourbillons fantasques de la vie. On change de masques et la
question: quel était votre visage avant votre naissance nous laisse
sans voix. On tangue un peu dans la foule du carnaval. Lèves
ton voile polichinelle je te reconnais!
vendredi 4 décembre 2015
jeu de société partant d'une case départ.
On
n'imagine
pas enfant combien ce jeu symbolise un parcours de vie? On sautille
léger, inconscient comme l'abeille joyeuse butinant les fleurs, de
la terre au ciel. Les cases qu'on traverse sont des étapes de
maturation, qu'enfant on franchissait allègrement. Le jeu de l'oie,
du départ à l'arrivée nous ramène au centre de nous même,
passant par un chemin initiatique avec les épreuves ponctuant
cette route, nécessaires au mûrissement, à la compréhension du
sens de la vie. Deuils, souffrances, arrêts, enfermements mais aussi
bonds en avant où la joie et le désir nous propulsent six cases
plus loin.
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
jeudi 3 décembre 2015
Une coupe franche
Une
coupe franche dans le texte, il y a bien trop de mots. Épurer,
jusqu'à n'avoir que l'essentiel, dans le fond, dans la forme.
Rechercher la concision du haïku, acéré comme la lame d'un sabre.
Il tranche, il émonde, il montre la nature, il dit l'émotion dans
l'équilibre de trois vers et dans le nombre impair des mots.
La nuit est sans fin
je pense
à ce qui viendra dans vingt mille ans*
Une économie de mots, l'harmonie, le merveilleux sentiment de vacuité
d'où surgit l’événement. Il nous faut apprendre et apprendre
encore ce détachement, cette disponibilité à la présence.
*Haïku de Masaoka Shiki (1867-1902) Japon
Les 366 réels à prise rapide sont des exercices de style tels qu'en propose le recueil éponyme de Raymond Queneau. Écrire sur le vif en 100 mots
mercredi 2 décembre 2015
La beauté
La
beauté en cet endroit précis lorsque je descends du train gare de
Santa Lucia, lorsque Venise me cueille en ses ruelles, ses canots,
ses places. Ce pourrait être une beauté surfaite, un décor pour
la consommation de masse, mais Venise chaque fois me coupe le
souffle, me saisit de ravissement. Je ne me lasse pas de ces courbes,
de ces lignes qui rejoignent le ciel, de ces dorures, des ces
sculptures, des ses peintures. Elle me prend et m'emporte ailleurs.
Les couleurs vives de l’île de Burano se reflétant dans la
lagune, le silence du cloître de San Francesco.
mardi 1 décembre 2015
En retard
En
retard je suis dit le lapin dans Alice, mais le temps est relatif.
Parfois il paraît court, on ne le voit pas passer. Parfois il s'étire
en longueur et on a soit une sensation d'ennui, soit une sensation
délicieuse d'un étirement du présent, infini. Le temps se
contracte ou se dilate selon ce qu'on en ressent. Cela paraît assez
banal mais qu'en est-il du temps réel. Il n'existe pas. On a aucune
prise sur lui puisque c'est un mouvement et qu'il est lié à la
lumière. Le temps que la lumière d'une étoile nous parvienne cette
étoile est morte.
lundi 30 novembre 2015
Aujourd'hui le prix à payer
Aujourd'hui combien me parait lourde l'induction d'écriture de Quenaud. Combien de pays de peuples de civilisations ont payé le prix du despotisme, du désir de puissance d'autres peuples, d'autres civilisations? Combien de pays d'individus ont été écrasé broyé par cette machine qui paraît ne jamais pouvoir s'arrêter, un engrenage perpétuel, avoir toujours plus de toute puissance, possessions et destructions. Les générations futurs, les enfants qui naissent avec sur leurs épaules ce poids, prix à payer. Combien me paraît absurde à l'échelle individuelle, cette expression qui a causé tant de dégâts, cette culpabilité qui ronge l'âme et qui sabote les relations.
dimanche 29 novembre 2015
Rues
je
marchais dans cette ville
et
je ne reconnaissais pas la ville
éventrée
lacérée broyée
la
nuit on aurait dit
un
fantôme dormant
debout
découvrant
les
immeubles blafards
moi
les yeux ouverts
je
déambule somnambule
insomniaque
insomniaque
des
plages entières
ouvertes
sur le vide
dans
des rues
déroulant
ma souffrance
je
recherchais son âme
son
passé en vain
et
mes pas sur le trottoir
ne
faisaient plus résonner
l'écho
des souvenirs
sur
la ville
flottent des visages figés
masques
mortuaires
que
je ne reconnais plus
je
cherchais mon âme
mon
passé perdu
au
coin des rues
enfui
disparu
un temps dilaté
un temps dilaté
samedi 28 novembre 2015
Détails du plafond
Regarder en l'air se cogner au plafond qu'y vois je? le flou de ma vision de myope, pas de détails, le flou habituel qui me fait me cogner au murs, qui me fait chercher les regards, qui enveloppe tout d'une brume parfois rassurante, parfois angoissante. Je ne cerne pas les détails, le monde les gens m'apparaissent imprécis dans un halo. C'est ma vision, on peut la corriger la forcer mais c'est celle que j'ai choisi un jour, pour ne pas voir le pire, le mal, la méchanceté, pour m'isoler, me protéger des autres. Mais le plafond de la chapelle Sixtine!
vendredi 27 novembre 2015
Béton armé
Pétrifiés sidérés incapables de bouger de penser.
Enfermés en soi, armés comme le béton. Dans
les villes les cités les banlieues, les gares où errent hagards des
hommes désarmés somnambules fantomatiques. Nous marchons en quête
d'un ailleurs qui ne vient pas, en quête de connaissance de
compréhension d'amour. Passant
les uns à cotés des autres sans se voir, se heurtant parfois telles
des machines impuissantes à se rencontrer. Les civilisations
se succèdent et forgent elles
mêmes leur destruction. Allons nous rester les bras ballants
inertes? Pour qui comment quand et pourquoi? Contre qui? comment
contre quoi? Chantait Barbara ce matin.
jeudi 26 novembre 2015
Une bonne chose de faite
L’hiver
arrive. Les jours sont de plus en plus courts. Une impression de
rétrécissement du temps, de la lumière, une main d'ombre se posant
sur nous, enserrant le cœur. Les cieux gris deviennent sombres et
noirs. Dans ce temps où la nature se recroqueville je ne vois pas
quelle chose à faire. Des choses habituelles, le feu à mettre en
route, la soupe du soir, une suite d'actions routinières. Je n'ai
pas une bonne chose à faire. Je n'ai envie de rien. Je regarde
défiler les heures. Par la fenêtre j'aperçois les moutons et les
vaches broutant les pairies vertes.
mercredi 25 novembre 2015
Pensées
Aujourd'hui
tête pleines de pensées qu'on voudrait bien arrêtées comme un
moulin à prières auquel on ne croit plus, tournant à vide. Les
soucis pour les proches , le monde qui tourne mal. On pense à tout à
rien. Bien du mal à mettre de l'ordre, à avancer vers un but précis. Bien
du mal à analyser et à comprendre. La fatigue sans doute, les
insomnies. l'esprit divague. Parfois les souvenirs
heureux nous dessinent sur les lèvres un sourire. Les yeux dans le
vague on se laisse partir sur le cheval rêve où tout était heureux
et simple.
mardi 24 novembre 2015
Animal
j'étais
un animal quand enfant je m'envolais dans de grandes courses, l'imagination emballée, sans brides. J'étais alors un fier cheval
blanc. Peut-être avais je été marquée par le film crin blanc se passant en Camargue. Parfois j'étais le cheval, parfois le
cavalier mais l'un ou l'autre nous possédions une totale liberté. Dans ce
rêve éveillé, dans les jardins du parc de la petite ville balnéaire
Charentaise, l'océan n'était pas loin. Parfois se mêlaient à mes
chevauchées fantastiques le bruit des vagues fougueuses. Sous mes
pieds le sable doux; l'air était empreint d'iode et de sel. Le vent, la
mer m'emportaient.
lundi 23 novembre 2015
Une séduction
Je
regarde la mince couche de neige qui recouvre les prés. Le froid
s'est installé sur les collines. Une lumière blafarde fait de l’œil
aux villages endormis. Je suis lasse, ma tête résonne des infos de
la semaine. Je ressens un grand vide, je regarde mes
mots défilés sans séduction. Je reprends le chemin de l'étang.
Les arbres frémissent sous le vent. Je respire. La vie donnée est
si facilement prise. Une attente, un silence, écrire est parfois un
labeur douloureux, inutile et vain. Le regard perdu sur les plateaux
de Pierre sur Haute, marcher lentement vers la lumière.
dimanche 22 novembre 2015
Suffirait de trois fois rien
Suffirait
de trois fois rien pour que, pour que quoi? Pour revenir à avant.
Avant le treize novembre! Absurde! Ce trois fois rien est déjà si
lourd. Trois fois rien ça n'existe pas. Analyser la situation amène
à une complexité inouï et une responsabilité des hommes, des
états, sur un chemin de violence qu'ils prennent systématiquement.
Jamais ce message ne m'a paru aussi pesant. Je ne pourrai plus parler
de légèreté, de la beauté d'une fleur sans me sentir
inconséquente. Beaucoup de ceux qui voulait un changement pacifique
meurent sous les bombes. Qui s'en offusque? Comment rester lucide.
Un rien?
samedi 21 novembre 2015
Aujourd'hui une chance
Aujourd'hui
très peu de temps pour écrire mais c'est tout de même une chance
d'avoir la consigne des cents mots pour dire ce qui passe par la
tête. Toujours le vide, le silence après les attentats de Paris.
L'imprégnation d'un désespoir et pas grand-chose qui redonne
espoir. les mots se taisent se défont se dispersent dans un ciel
sombre. Surtout rester soi même ne pas se faire embarquer dans
quelque chose qui paraît fédérateur, patriotique mais qui me
paraît bien dangereux aussi. La compassion oui la récupération
non. Continuer à penser, à se dégager des pensées toutes faites,
des raccourcis.
vendredi 20 novembre 2015
Manger, boire, fumer, respirer, consommer.
Non
merci je n'ai pas faim. Si je pouvais je jeûnerai, pour que le
cerveau travaille plus que le système digestif, pour s'élever
l'esprit tel les anachorètes dans le désert, vivant d'un peu d'eau
de pain de méditation. Je n'ai pas le cœur à boire non plus, même
si boire du champagne entre amis n'est pas négligeable. Fumer cela
fait longtemps que j'ai arrêté. Je me souviens encore de la pause
cigarette et de l'impression d'un moment à part, pour souffler pour
respirer. Une illusion, la fumée est un faux amis, elle empoisonne
et voile la réalité d'un écran brumeux.
jeudi 19 novembre 2015
Aujourd'hui une lumière
Aujourd'hui
une lumière. Comme une
lumière dans la nuit. Espérance. Eluard. Tous les chemins de
résistance contre l'oppression le despotisme la
dictature le fanatisme le totalitarisme. Une lumière dans le regard
des enfants et leur désir d'avenir, dans les rêves de nos parents
et grands parents dans nos racines. Lumière de la pensée qui
cherche la compréhension de l'autre des autres des différences
culturelles, religieuses, ethniques. Lumière de la solidarité. Lumière
de la vie qui veut la vie. Lumière de l'aube pour les poètes pour
tous les hommes. lumière pour éclairer l'obscurantisme, l'ignorance.
Lumière de la paix de la réconciliation...
mercredi 18 novembre 2015
Ce serait si simple
Mais
les jours se succèdent et rien ne console de cette déchirure, de
cette violence, de cet absurde. Ce serait si simple de pouvoir
oublier, de fermer les yeux de se rappeler Martin Luther King, Joan
Baez, Gandhi, Lanza del Vasto, Bob Dylan. Les grandes manifestations
du temps de la libération des noirs aux Etats Unis et contre la
guerre du Vietnam.«We shall over come». le souvenir des pèlerins
de la paix et cette question qui nous taraudent, sont ils morts en
vain? Les terroristes ont tués des innocents et aussi piétinés
tous nos rêves pacifistes. Prendront nous les armes?
mardi 17 novembre 2015
Des bas des hauts
Aujourd'hui
des bas des hauts. Des hauts plutôt bas. Des bas dans le très bas
au seuil de la mort, au seuil du séjour des morts. Lieu où l'humain
n'est plus humain et tue des humains. Lieu où l'homme est une
machine à tuer. Déshumaniser l'autre et il n'y a plus d'autres. Il
n'y a plus de conscience de soi non plus. Une négation de la vie qui
ne laisse que déraison violence et barbarie. Tout est noir. Je
cherche l'espérance je la cherche dans le courage des survivants,
dans la solidarité, le silence, j'allume une bougie, je reste
debout.
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